Quand la communication passe de travers dans nos sociétés modernes, nous sommes poussés malgré nous à une forme d'errance intérieure et parfois à quelques pas absurdes, loufoques ou burlesques. Si l'amertume absorbe le monde, dans le silence de l'ici et maintenant, se dessinent les surprises de l'inattendu.

3 dates en juin 2003

2 dates au Carré Davidson à Tours. Formule Réduite conçue pour 12 m²

1 date au Rexy à Saint Pierre des Corps. Formule Spéciale ou comment passer de 12 m² à 150 m²

extrait de la bande-son de Nicolas Mallet

Direction artistique : Karine Bonneau

Assistante : Stéphanie Dachary

Interprétation :

Elsa Pernot, Marie-Adeline Choquet, Karine Bonneau

Régie plateau et création lumière : François Blet

Création bande-son : Nicolas Mallet

Costumes et collaboration plastique : Stéphanie Dachary

Affiches et flyers : Richard Ogden

 

 

Nous sommes des corps. Des solitudes qui se regardent de loin, des bouts durs dont les yeux regardent les orteils puis se lèvent vers une hallucination diaphane, après la peau, que le corps cherche à dépasser, l'hallucination qui ne lui réinsufflera des impressions de réalité que lorsque se présentera à lui un autre corps, une autre vibration.

Nous sommes des corps. Humains. Tandis que les esprits soufflent la mémoire des antiennes promises, que des nébuleuses frictionnent des météores hors Dieu, que la lisière de la mer soupire l'aurore australe, nous bavons, nous chions, nous perdons nos eaux à ne plus soutenir le regard du silence de l'hémicycle indépassable qui nous accuse de ce que nous ne pouvons pas comprendre, lui qui nous englobe. De ne jamais avoir le mouvement idéal, nous pris dans un corps submergé par sa propre matière comme une hérésie dans la perfection, transis quand l'écho en mot de cette béance lui est renvoyée par un prochain corps, mots chargés en filigrane de ses propres impuissance et frustration de ne pas atteindre la lumière en lui, et quand ce miroir véhicule aussi la tyrannie de la présentation parfaite face à lui.

 

 

 

Mais nous sommes des corps. Cela doit s'entendre comme une revendication, comme la fierté d'un héritage de ce qui n'a plus de corps. Tandis que ce qui est passé de l'ordre d'autres sphères, invisibles et silencieuses, paralyse nos gestes, notre langue, notre pensée, jusqu'à effacer le sentiment d'appartenance à ce corps parfois, c'est au contraire à nous de contaminer de notre organicité cette distance meurtrière entre nous, par le seul avantage que nous avons sur elle. La féconder et non plus enflammer sa part morte à force de n'être que celle-ci.

Nous sommes ensemble. Dans et devant notre propre silence qui menace de nous détruire par son, apparemment, « non articulable ». Qu'ils s'aiment et le nom sera choréalligraphié sur la page d'espace. Dissolvant le Jugement, transcendant leurs faiblesses, nous sommes ces corps et, bien que rattrapés par la boue de modèles et de néons vides, d'incommunicabilité, de plastiques modernes, nous allons danser. Désancrer cette matière qui veut rêver*.

François Richard

* Carolyne Carlson.

 

 
Création 2003 : Plaît-il ?
Pour l'occasion, Karine Bonneau a demandé à François Richard, jeune écrivain talentueux, d'écrire ses impressions suite aux répétitions. Avec son accord, nous avons glissé ce texte dans la feuille de salle, à l'attention des spectateurs.